Acné hormonale

Sommaire

Jeune femme fille acné miroir 123RF / Dmitriy Melnikov
L’acné est une affection cutanée très courante à la puberté, mais elle peut se développer à tous les âges de la vie. Les causes de l’acné peuvent être externes (causes exogènes) ou internes (causes hormonales).

On parle d’« acné hormonale » quand un dérèglement des hormones sexuelles entraîne des poussées d’acné. C’est la cause principale de l’acné. Il est utile de connaître le mode d’action de ces hormones et les traitements indiqués pour lutter efficacement contre les boutons.

Le point maintenant.

Acné hormonale : types et actions des hormones

Les hormones qui provoquent la formation des boutons de l'acné hormonale sont les androgènes (hormones mâles), le plus connu est la testostérone. Ils ont un rôle dans la production des poils et des cellules de la peau.

  • L’augmentation des hormones sexuelles masculines (androgènes) accélère la production de sébum et des cellules de la peau (kératinocytes). La peau devient grasse avec des pores dilatés.
  • L’excès de sébum et de kératinocytes peut boucher les pores de la peau, ce qui provoque l’apparition de boutons de type comédons ouverts (points noirs), comédons fermés (points blancs) ou microkystes. C’est le stade rétentionnel.
  • Ce sébum en excès favorise la prolifération d'une bactérie (Propionibacterium acnes) présente à la surface de la peau. Il s'ensuit une inflammation des follicules pilo-sébacés et la formation de boutons rouges : papules (boutons non purulents), pustules (boutons purulents), nodules (boutons plus grands et plus profonds). C’est le stade inflammatoire.

Acné hormonale : qui est concerné ?

L’acné hormonale concerne environ un quart de la population de tout âge, plus précisément :

  • 20 % des nourrissons entre 0 et 4 mois (une poussée d’acné bénigne disparaît la plupart du temps en quelques semaines) ;
  • entre 75 à 95 % des adolescents à cause du bouleversement hormonal de la puberté ;
  • 20 % des femmes après 25 ans à cause de la fluctuation des hormones sexuelles dans certaines circonstances (arrêt ou changement de pilule, troubles du cycle menstruel, grossesse, ménopause) ;
  • 3 % des hommes adultes.

On note que 12 % des personnes souffrant d'acné sont sous traitements hormonaux (stéroïdes, testostérone).

Symptômes de l'acné hormonale : types et localisations des boutons

Chez l'enfant et l'adolescent

L'acné due au bouleversement hormonal commence par une hyperséborrhée (augmentation du sébum) de la peau, suivie de l'apparition de boutons rétentionnels (comédons, microkystes), localisés au niveau du front, des joues, du menton et du nez.

Ces boutons évoluent par poussées et peuvent se transformer en boutons inflammatoires (papules, pustules, nodules), touchant le visage, le haut du thorax et le dos.

À noter : l'acné juvénile est une maladie bénigne qui disparaît à l'âge adulte dans la plupart des cas. Mais il existe des cas sévères, avec des kystes douloureux sur le visage, le dos, les cuisses ou le haut des bras, et parfois de la fièvre et des douleurs articulaires. Ces cas nécessitent une prise en charge rapide par un dermatologue (ne traînez pas car les délais d'attente moyens pour une consultation en dermatologie sont de deux mois).

Chez l'adulte

L'acné hormonale est souvent plus discrète chez l'adulte. Les boutons moins nombreux sont surtout de type inflammatoire (papules, pustules, nodules) et sont localisés :

  • pour la femme, en bas du visage (menton et mâchoires) et sur le décolleté ;
  • pour la femme enceinte, sur le visage, les seins et les membres ;
  • pour l'homme, dans le dos et le cou.

À noter : si des signes d'hyperandrogénie (pilosité excessive, alopécie, prise de poids) sont associés à l'acné, le dermatologue peut prescrire des examens (bilan sanguin des hormones, échographie des ovaires) pour éliminer d'autres maladies (hirsutisme, syndrome des ovaires polykystiques, tumeur des ovaires ou des surrénales) qui nécessitent un traitement spécifique.

Soins cosmétiques et conseils pour lutter contre l'acné hormonale

Les soins cosmétiques antiacnéiques s’avèrent souvent suffisants pour le traitement de l’acné débutante ou légère. On peut les compléter en suivant des conseils utiles de prévention :

  • Une toilette douce matin et soir est nécessaire pour éliminer les impuretés et l'excès de sébum. Utilisez des pains sans savon adaptés, peu détergents et légèrement acides (pH physiologique de la peau) ou antibactériens doux. Bannissez le savon de Marseille et les lotions alcoolisées qui dessèchent la peau et peuvent provoquer une séborrhée réactionnelle.
  • Choisissez des cosmétiques non comédogènes. Certains produits dits « comédogènes » bouchent les pores et provoquent l'apparition des boutons.
  • Évitez ou protégez-vous du soleil : le soleil semble améliorer les boutons en les séchant, mais il épaissit la peau et exacerbe les poussées d'acné quelques semaines après l'exposition. De plus, certains traitements locaux ou oraux sont photosensibilisants.
  • Ne triturez pas vos boutons, pour éviter qu'ils s'enkystent et laissent des cicatrices.
  • Ayez une bonne hygiène de vie : mangez équilibré, sans trop de sucres et de graisses animales. Évitez le tabac et l'alcool. Faites du sport pour diminuer le stress (un facteur favorisant de l'acné).

Acné hormonale : traitements médicamenteux

Chaque patient souffrant d’acné est un cas particulier qui demande une prise en charge spécifique selon son état physique et psychologique. N’hésitez pas à consulter si votre acné devient gênante.

Traitements dermatologiques

Il existe deux types de traitements médicamenteux de l'acné : local ou oral.

Les médicaments à usage local se présentent sous forme de crèmes, gels, pommades ou lotions. Parmi ces médicaments topiques (agissant à l’endroit où on les applique), on trouve :

  • les rétinoïdes (vitamine A acide) ou l’acide azélaïque (acide dicarboxylique), qui agissent sur les comédons et désépaississent la peau ;
  • le peroxyde de benzoyle, qui est actif sur la bactérie responsable de l’acné et indiqué pour les lésions inflammatoires ;
  • les antibiotiques topiques (érythromycine, clindamycine), qui sont antibactériens et anti-inflammatoires ; on peut les associer aux rétinoïdes ou à l’acide azélaïque.

Des médicaments par voie orale sont indiqués dans les formes étendues, modérées ou graves de l’acné résistant aux topiques :

  • le zinc (gluconate de zinc), indiqué en cure dans l’acné inflammatoire modérée, et qui peut être associé aux topiques ;
  • les antibiotiques (cyclines ou érythromycine), prescrits à des posologies faibles mais pour une longue durée de 4 à 6 mois, et souvent associés aux topiques ;
  • l’isotrétinoïne (dérivé de la vitamine A acide), prescrit par les dermatologues dans les acnés graves, en cas d’échec de traitement par les antibiotiques.

Bon à savoir : l'isotrétinoïne est un médicament soumis à une réglementation particulière en raison de ses effets secondaires importants et de son caractère tératogène (contraception obligatoire – un dispositif intra-utérin, un implant progestatif, ou deux autres méthodes de contraception complémentaires, comme pilule et préservatif et une prise de sang tous les mois). Les rétinoïdes administrés par voie cutanée sont désormais contre-indiqués chez les femmes enceintes ou planifiant une grossesse (la prescription systématique d’une contraception d'urgence et de préservatifs (remboursés) est aussi recommandée dans le cas où la patiente serait sous contraception orale.

Traitements hormonaux

Des médicaments anti-androgènes peuvent être prescrits pour soigner l'acné hormonale. Ils ont pour but de réguler les hormones androgènes en excès, responsables de l'acné. Il en existe deux types : les œstroprogestatifs et la cyprotérone.

Les œstroprogestatifs sont des pilules contraceptives réservées aux femmes :

  • Ils contiennent des dérivés combinés d'hormones sexuelles féminines (œstrogène et progestatif).
  • Si certains progestatifs ont un effet androgénique (lévonorgestrel, noréthistérone, etc.) et peuvent aggraver les boutons, d'autres ont un effet anti-androgène (désogestrel, gestodène, norgestimate, dropéridone, etc.) et améliorent l'acné.
  • Ils sont utilisés en complément des traitements classiques de l'acné.

À noter : ces pilules anti-androgènes ne sont pas prescrites en première intention contre l'acné à cause du risque d'accidents thromboemboliques (obstruction d'un vaisseau sanguin) accru. De plus, selon une étude américaine, l’exposition à un traitement anti-androgénique (dans le cadre d'un cancer de la prostate toutefois) serait associée à un risque accru de maladie d’Alzheimer (+ 14 %) et de démence (+ 20 %) dans les 10 années qui suivent.

Le choix d'une pilule contraceptive pour diminuer votre acné dépend de l'évaluation bénéfice-risque à déterminer avec votre médecin.

La cyprotérone est un progestatif de synthèse anti-androgène, présent dans certains médicaments anti-acné, notamment :

  • Diane 35® et ses génériques (acétate de cyprotérone-éthinylestradiol) : ce sont des contraceptifs hormonaux réservés uniquement aux traitements de l'acné modérée à sévère de la femme après échec d'un traitement topique et antibiotique par voie orale.
  • Androcur® (acétate de cyprotérone) : ce médicament indiqué dans le traitement de l'hirsutisme féminin (pilosité excessive) a des effets bénéfiques sur l'acné hormonale associée à la maladie.

À noter : depuis 2015, la cyprotérone a fait l'objet de recommandations particulières de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en raison des risques d'accidents thromboemboliques importants. Toujours selon l'ANSM, il est par ailleurs avéré que ce médicament augmente considérablement les risques de méningiome en cas de doses élevées (avec une forte relation entre la dose et l’effet). De même, une étude de l'ANSM de juin 2020 alerte sur le risque de méningiome associé à l’utilisation d’acétate de nomégestrol (Lutényl® et génériques) et d’acétate de chlormadinone (Lutéran® et génériques).

D'autres recommandations concernent le traitement de l'acné par voie locale et générale.

Résumé des traitements médicamenteux recommandés de l'acné hormonale
Degré de sévérité de l'acné

Grade 1

Acné très légère

Grade 2

Acné légère

Grade 3

Acné moyenne

Grade 4

Acné sévère

Grade 5

Acné très sévère

Traitement de 1re intention

(3 mois de traitement)

Rétinoïde topique OU péroxyde de benzoyle

Peroxyde de benzoyle ET rétinoïde topique

Rétinoïde topique

ET

péroxyde de benzoyle

+/– antibiotique oral

Antibiotique oral ET rétinoïde topique

ET

péroxyde de benzoyle

Isotrétinoïne

OU

traitement hormonal

 

Traitement de 2e intention

(si le 1er traitement est insuffisant)

/

Antibiotique topique ou oral ET (rétinoïde ou acide azélaïque)

 

 

 

Isotrétinoïne OU traitement hormonal

 

 

 

 

 

À noter : ces traitements peuvent également être couplés à la prise d'une pilule contraceptive, afin de contribuer à la diminution de l'acné.

Bon à savoir : les traitements de l'acné n'agissent pas immédiatement, une durée de traitement de 3 mois est souvent nécessaire pour avoir un résultat. De plus, une exacerbation des lésions peut se produire en début de traitement. Elle disparaît en quelques semaines. Ne vous découragez pas !

Autres traitements de l'acné hormonale

Il existe enfin d'autres moyens pour lutter contre l'acné hormonale :

  • les médecines douces : homéopathie, phytothérapie, aromathérapie, qui sont de bonnes alternatives pour les acnés légères ;
  • la microchirurgie (extraction des microkystes), qui permet d'accélérer l'effet des traitements locaux et d'éviter les récidives ;
  • le laser, la photothérapie dynamique, la lumière bleue, qui sont des traitements médicaux proposés par les dermatologues en cas d’échec aux médicaments.

Ces pros peuvent vous aider